Moods.















L'humeur se dégrade, comme l'index de la température sur les laps de temps. Parlons de vous, parlons de pluie. L'attention ne se perd plus parce que vous m'ennuyez. Mais parce que je suis fatiguée de moi. Et à chaque fois c'est pareil : je parle de la routine d'un quotidien qui punie sévèrement toute esquisse d'enthousiasme. J'avait écrit un jour :  


"Quelque part entre janvier et mars. On reconnaît les premières morsures du froid sur les lèvres du passant. Un inconnu à la bouche sillonnée, et bâillonné de mailles de laine, jamais assez chaudes pour les rues bien trop glaciales d’un Paris gercé. En début de journée, c’est déjà l’heure du rentré chez soi que l’on idéalise. Seul, ou à deux. A trois.

 L’on attend l’instant où l’on se reculera vers le familier. Un familier que l’on ne retrouve malheureusement pas dans les sinus d’un métro, le premier vous savez, le matinal.
C’est cette atmosphère que l’on retrouve à cette heure-ci: elle induit une façon de penser peu commode : un ensemble de questions encore embrumées et toujours la même envie de sortir des couloirs, plus vite, sans croiser les regards, ceux qu’on croise entre deux embouchures, et qui crient à la vie de les soulager, juste pour aujourd’hui.
Une atmosphère qui fait partie de notre quotidien, d’une routine qui s’installe toujours trop vite et qui nous hurlent à l’oreille notre condition grégaire.
Des bruits de pas. Des pas pressés, torturés, maladroits, indécis, empreints d’une mélodie machinale embaument la symphonie du souterrain. Comme un même morceau, que l’on repasse, encore, et puis encore, en boucle, et qui résonne à chaque enjambée.
Et en un instant, c’est l’air qui suffoque en pleins poumons : un vent frigorifie le fil de notre pensée. C’est en suspension que l’on se trouve, le temps de grimper les marches de la sortie. Qui nous sommes, où nous allons, n’importe plus à ce même instant.
Enfin la cadence reprend. Et c’est le même air que l’on entend. Mais il résonne moins. Et puis l’on entend l’art du pneu qui crisse, et de la route fatiguée. Les questions reprennent. Le même questionnement perpétuel.
 C’est les yeux rivés sur le dévernissage de nos chaussures que nous avançons. La direction ne compte plus, on la connaît déjà. Par cœur. La routine, encore. Un coin de rue, encore un autre, un autre, le même, celui là encore. Et puis une collision.
 Un pardon peu convaincu. « Pardon ». Les yeux toujours au sol. Sauf que c’est au moment où ces mêmes yeux escaladent les traits de l’étrangère bousculée que tout s’arrête. "








Mmmmh. Je crois que j'avais envie d'écrire un livre. Forcément, on s'arrête au trois quart de la préface. Mais peu importe, ça m'a fait l'effet d'un surgam l'espace d'un instant. 



créditphoto©FGR.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très chère Camille,

Tu écris sacrement bien! Mais pourquoi ne pas faire un blog sur ta vie de mannequin comme celui-ci par exemple: http://indiasinsights.blogspot.com/
Je pense que ça intéresserait plus les gens; voir l'envers du décors...

xxx